Les Néolithiques en Afrique : une terminologie importée et des concepts autonomes - HAL UNIV-PARIS8 - open access Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2023

Les Néolithiques en Afrique : une terminologie importée et des concepts autonomes

Résumé

L’archéologie de l’Afrique est tributaire de modèles élaborés pour décrire la réalité d’autres terrains. Les débats autour de la terminologie, et autour du terme « Néolithique » en particulier, n’ont cessé d’animer la discipline depuis plus d’un siècle. Au-delà de l’impression d’uniformité donnée par l’utilisation du terme « néolithisation », les recherches récentes permettent de brosser le tableau d’une série de transformations indépendantes s’étageant en Afrique sur la longue durée. Cinq à dix millénaires séparent les premières attestations de sédentarité (au moins partielle) des premières attestations de culture de céréales domestiques. Peut-on vraiment parler de « révolution » face à la dissociation des processus et face à leur étalement dans le temps ? L’origine proche-orientale des espèces animales domestiques élevées à partir de cette « révolution néolithique » tend à occulter les expériences préparatoires sur le continent. S’il fut une révolution, elle se produisit bien avant l’arrivée du premier ongulé totalement domestique sur le continent. La compréhension des scénarios africains nécessite également de se détacher des conceptions européennes, en particulier de celles attachées au pastoralisme. Alors qu’il est un développement marginal en Europe ou au Proche et Moyen-Orient, un « sous-produit du Néolithique », le pastoralisme s’est rapidement développé comme le mode de vie dominant dans une grande partie de l’Afrique. Il persiste aujourd’hui dans une forme presque inchangée dans de nombreuses régions. Les données archéologiques permettent de détecter les éléments caractéristiques du pastoralisme africain dès son émergence, au cours de la seconde moitié du VIIe millénaire avant notre ère. Principalement destinées aux productions laitières, les premières formes d’élevage sur le continent ont coexisté avec les pratiques de chasse, qu’elles n’ont pas remplacées. Aussi, si l’étude des vestiges archéozoologiques semble montrer que l’adoption du pastoralisme fut tout sauf une révolution, d’autres indices archéologiques contribuent à brosser le tableau d’un changement profond dans la relation au monde. La figure bovine occupe une place de premier plan : les inhumations de bovins au Sahara, parfois accompagnées de monuments, témoignent de ce statut particulier. Elle devient le thème quasi exclusif des représentations rupestres, remplaçant les répertoires variés de l’époque prépastorale. Les peintures de larges troupeaux semblent montrer que les pratiques d’élevage sont sans commune mesure avec les seuls besoins alimentaires du groupe. L’art rupestre témoigne également de nouvelles formes d’interactions sociales, dont le bétail devient un élément central. L’archéologie semble pouvoir témoigner des racines anciennes du cattle complex (« complexe du bétail ») africain décrit par M.J. Herskovits (1926) en référence à l’importance symbolique et sociale du bétail dans les sociétés subactuelles d’Afrique de l’Est.
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  • HAL Id : hal-04017019 , version 1

Citer

Emmanuelle Honoré. Les Néolithiques en Afrique : une terminologie importée et des concepts autonomes. Collectif. Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques, session Le poids de l’histoire des sciences et l’hégémonie européenne en préhistoire (H. Forestier et V. Zeitoun dir.), Société préhistorique française; Paris, 2023, 29e Congrès préhistorique de France. ⟨hal-04017019⟩
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