Istanbul, ville-personnage au coeur de l'Europe : les romans d'Orhan Pamuk, Emine Sevgi Özdamar et David Boratav
Résumé
Située à la périphérie de l'Europe, la Turquie se trouve à l'écart du "système-monde" dans la géographie du roman selon Franco Moretti. Ce pays serait-il aujourd'hui capable de produire un nouveau modèle de roman comparable au roman russe d'idées ou au réalisme magique? Orhan Pamuk fait partie de ceux qui tentent d'accomplir ce "projet irréalisable", ou du moins d'en poser les bases. Istanbul, cité pluriséculaire pourvue d’une histoire aussi riche que complexe et mouvementée, ancienne capitale d’un empire multiethnique déchue au rang de mégalopole tiers-mondisée à croissance exponentielle, en même temps que point de départ d’une émigration massive vers l’Europe et les États-Unis, peut sembler prédestinée à devenir le berceau d’une nouvelle littérature multiculturelle et post-nationale, à l’exemple de Buenos Aires ou de Bombay. Quel espace de l’imaginaire pourrait produire une telle
métropole, chantée jusqu’au début du XXe siècle par les visiteurs occidentaux épris d’Orient et dont l’image figure de manière obsédante au coeur de nombre de romans contemporains? L'article tente de répondre à cette question en examinant trois textes emblématiques de cette situation complexe dans la mesure où leurs auteurs y occupent des positions bien distinctes et ne sont liés entre eux ni par une solidarité nationale ni même par l’appartenance à une "communauté" culturelle, fût-telle diasporique.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)