Le lexique de l’amour de soi dans la poésie et les traités spirituels (seconde moitié du XVIe siècle-premier XVIIe siècle)
Résumé
À quelles conditions le détracteur de la philautie échappe-t-il à ce travers ? Au XVIe siècle, la poésie dite chrétienne à la première personne du singulier offre un dispositif littéraire qui repose sur le retour moral sur soi et la dénonciation à la première personne de l’amour de soi. Elle n’exclut ni le je ni le nom d’auteur. L’approche lexicale montre que tous deux sont cependant purgés de l’intérêt personnel à travers un combat métaphorique, dont le soubassement doctrinal et confessionnel est divers : ascétisme, humanisme dévot, anti-humanisme, mystique. Les poèmes déclinent différentes formes d’attachement : amitié pour soi, amour tempéré de soi, voire abnégation et anéantissement de soi au profit de l’amour pur pour Dieu et de Dieu. Les vers offrent une ressource lettrée et sociale, remaniée pour dire un je délesté du moi.