« Écrire pour rester en vie ». - Université de Picardie Jules Verne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Awal (Cahiers d'études berbères) Année : 2021

"Writing to stay alive".

« Écrire pour rester en vie ».

Résumé

The strategic use of abducted and kidnapped women’s rapes by radical Islamist groups as a weapon of war, a tragic feature of the Algerian “civil war” in the 1990s, is a specific sexual and gendered Violence. Against individual and collective silence, these “pleasure marriages” were denounced by (Franco-)Algerian French-language writers. Restoring, by specific narrative devices, dramas, suffering and trauma related to massacres and terror climate, authors such Maïssa Bey, Wahiba Khiari, Leïla Marouane, Badra Moutassem-Mimouni or Leïla Sebbar have sought to put into words the unspeakable and the indescribable in essays, novels or short stories (sometimes autobiographical or autofictional). Above all, these women writers question in their works gender relations and male domination in time of war as in time of peace, in a country that remains deeply patriarchal, while sheding light, in the texts themselves, on the form and the function, but also the (material and symbolic) costs of the commitment in the act of writing in such a context. Self-reconstruction vectors for authors sometimes affected in their own flesh, these literary texts emerge as public speaking engagements, and can be analyzed as symbolic places for perpetuating the memory and resisting to amnesia and silence.
L’usage stratégique du viol de femmes enlevées et séquestrées par des groupes islamistes radicaux comme arme de guerre, caractéristique tragique de la guerre civile algérienne pendant la « décennie noire » des années 1990, constitue une violence sexuelle et genrée spécifique. Contre le silence individuel et collectif, ces « mariages de jouissance » ont été dénoncés par des écrivaines (franco-)algériennes d’expression française, plus ou moins (re)connues en Algérie et/ou en France. Restituant, par des procédés narratifs spécifiques, les drames, les souffrances et les traumatismes liés aux massacres et au climat de terreur, des auteures telles Maïssa Bey, Wahiba Khiari, Leïla Marouane, Badra Moutassem-Mimouni ou encore Leïla Sebbar ont cherché à mettre en mots l’indicible dans des essais, des romans (parfois autobiographiques ou autofictionnels) ou des nouvelles. Au-delà, ces écrivaines questionnent dans leurs récits les rapports sociaux de sexe et la domination masculine en temps de guerre comme en temps de paix, dans un pays qui demeure profondément patriarcal, tout en interrogeant, dans les textes eux-mêmes, la forme, la fonction mais aussi les coûts (matériels et symboliques) de l’engagement dans l’acte même d’écrire dans un tel contexte. Vecteurs de reconstruction de soi pour des auteures parfois touchées dans leur propre chair, ces textes littéraires s’imposent comme autant de prises de parole publique, et peuvent s’analyser comme des lieux symboliques de perpétuation de la mémoire, de résistance à l’amnésie et au silence.
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Article I. Charpentier Les usages sociaux de la littérature au Maghreb 2.pdf (436.66 Ko) Télécharger le fichier
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hal-03681463 , version 1 (30-05-2022)

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  • HAL Id : hal-03681463 , version 1

Citer

Isabelle Charpentier. « Écrire pour rester en vie ». : Littérature féminine et violences de genre pendant la 'décennie noire' en Algérie. Awal (Cahiers d'études berbères), 2021, Les usages sociaux de la littérature en Afrique du Nord, 45-46, pp.129-152. ⟨hal-03681463⟩
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