“Quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire…” - Université de Picardie Jules Verne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue COnTEXTES. Revue de sociologie de la littérature Année : 2006

"Somewhere between literature, sociology and history..."

“Quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire…”

Résumé

In Une Femme (Gallimard, 1987 ; translation : A Woman's Story, Seven Story Press, 1991), a story published by Gallimard in 1987, recounting the life of her mother, Annie Ernaux states: "This is not a biography, nor is it a novel, of course [...]. It was necessary for my mother, born into a dominated environment, from which she wanted to escape, to become a story, so that I would feel less alone and factitious in the dominant world of words and ideas where, according to her desire, I passed" (p. 106). More generally, the writer's work, which she deliberately situates 'below literature, [...] somewhere between literature, sociology and history' (Ibidem, p. 23), could be described as being at the crossroads of literary autobiography and what sociologists call auto-(socio)analysis, or autosociobiography. After having defined this ambivalent posture, I attempt to objectify the hesitations, both generic and stylistic, that led to her entry into writing, and the determinants and issues that are indissociably political and literary in the forms of "white", "flat", and stripped-down writing that progressively mark the writer's textual specificity. By making Annie Ernaux's texts an object of sociological study, I try to grasp the modalities and effects of this improbable positioning, aiming to blur the boundaries between literature and sociology, before taking the measure of the (strategic) ambiguity of such a project, by underlining the symbolic benefits, but also the intrinsic limits of Annie Ernaux's strategy. Beyond a "sociopoetic" reading (Viala) of her literary identity, it is therefore also to the outline of a sociology of (literary) uses of sociological knowledge that I would like to invite.
Dans Une Femme, récit publié chez Gallimard en 1987 retraçant la vie de sa mère, Annie Ernaux affirme : « Ceci n’est pas une biographie, ni un roman naturellement [...]. Il fallait que ma mère, née dans un milieu dominé, dont elle a voulu sortir, devienne histoire, pour que je me sente moins seule et factice dans le monde dominant des mots et des idées où, selon son désir, je suis passée » (p. 106). On pourrait plus globalement qualifier l’œuvre de l’écrivaine, qu’elle situe délibérément « au-dessous de la littérature, [...] quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire » (Ibidem, p. 23), comme à la croisée de l’autobiographie littéraire et de ce que les sociologues nomment l’auto-(socio)analyse, ou l'autosociobiographie. Après avoir défini cette posture ambivalente , on s’attachera à objectiver les hésitations tant génériques que stylistiques qui ont procédé à l’entrée en écriture, puis les déterminants et les enjeux indissociablement politiques et littéraires des formes d’écriture « blanche » , " plate", dépouillée, qui marquent progressivement la spécificité textuelle de l’écrivaine. En constituant les textes d’Annie Ernaux en objet d’étude sociologique, on cherchera ensuite à saisir les modalités et les effets de ce positionnement improbable, visant à brouiller les frontières entre littérature et sociologie, avant de prendre la mesure de l’ambiguïté (stratégique) d’un tel projet, en soulignant les profits symboliques, mais aussi les limites intrinsèques à ce double je(u) d’Annie Ernaux. Au-delà d’une lecture « sociopoétique » (Viala) de l’identité littéraire de cette dernière, c’est donc aussi à l’esquisse d’une sociologie des usages (littéraires) de la connaissance sociologique que l’on souhaiterait convier.
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Citer

Isabelle Charpentier. “Quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire…” : L’œuvre auto-sociobiogaphique d’Annie Ernaux ou les incertitudes d’une posture improbable. COnTEXTES. Revue de sociologie de la littérature , 2006, Discours en contexte – Théorie des champs et analyse du discours, 1, ⟨10.4000/contextes.74⟩. ⟨hal-03682195⟩
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