Les Pratiques culturelles des Français(e)s - Université de Picardie Jules Verne Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2001

Cultural practices of the French

Les Pratiques culturelles des Français(e)s

Résumé

Democratisation, the stated objective of French cultural policies since the end of the Second World War, is the recurrent subject of many passionate debates. The observation of cultural practices, which have been the subject of regular statistical measurements in France since 1973, thanks to the surveys on the cultural practices of the French under the aegis of the Department of Studies and Forecasting of the French Ministry of Culture, attests to a continuous increase in consumption of an intellectual and artistic nature. However, these figures should not mask the persistence of major social divisions and, consequently, the very relative nature of the democratisation that has taken place, in particular for the most distinctive regular cultural practices. Beyond simply relating the different cultural practices measured, their intensity and frequency, to the social properties of the practitioners, this work questions the meaning of these links, thus combining an approach in terms of the sociology of cultural consumption and socio-cultural inequalities in access to practices and products, with the concerns and hypotheses of reception studies. Indeed, in the wake of Anglo-Saxon Cultural Studies, but also of the 'intuitions' of the French sociologists Claude Grignon and Jean-Claude Passeron, the hypothesis was formulated that the relationship between the supply of cultural products (especially those with a strong cultivated symbolism) and the structuring of the tastes, expectations and practices of the public is neither uniform, nor mechanical, nor exclusive. The social effects linked to the cultural offer - in its multiple forms - are a function of the levels of exposure of the different audiences. However, these audiences appear to be very diversely and selectively exposed to this offer, and very unequally interested in it, particularly in working-class areas and, more generally, among those most deprived of cultural capital inherited and/or acquired through school and/or through self-taught practices. How can we understand, in such a context, the conditions of formation and evolution of the (judgements) of taste and the 'horizons of expectation' of these social groups in cultural matters? The statistical exploitation (primary and secondary) of the data from the Cultural Practices of the French surveys makes it possible to show to what extent, much more than geographical proximity and/or the multiplication of the number of facilities in the territory, the classic sociological variables remain more than ever operative to grasp the differentiation logics at work in the interest in culture, the intensity and the frequency of exposure to the cultural offer. Finally, this report highlights the strongly gendered nature of certain cultural practices and sociabilities, particularly reading. In the already well-developed field of the sociology of reading, little work had been done on the sociabilities surrounding reading practices. This was no doubt due to the influence of the traditional literary representation of the act of reading as a direct, silent and individualised relationship with the written word, removing the individual from any form of social determinations and working towards greater autonomy. Such a representation of reading, however, obscures the various forms that the relationship with books can take (or has taken) and, in particular, all the sociable practices (prescriptions, material and symbolic transactions within family, marital, school, professional and/or friendly spaces, etc.) that are woven around it. The aim of this part of the survey was to explore the gender-differentiated effects (controlled by age, level of education, socio-professional trajectory, social origin, size of the municipality of residence, etc.) of these sociability practices (past and present), which are more or less intense, on the conditions of formation and evolution of the 'tastes' and expectation horizons of individuals in terms of reading practices.
La démocratisation, objectif affiché des politiques culturelles françaises depuis la fin de la seconde guerre mondiale, est l’objet récurrent de nombreux débats passionnés. L’observation des pratiques culturelles, qui fait l’objet en France de mesures statistiques régulières depuis 1973, grâce à la réalisation des enquêtes Pratiques culturelles des Français sous l'égide du Département des Etudes et de la Prospective du Ministère de la Culture, atteste une augmentation continue des consommations de nature intellectuelle et artistique. Mais ces chiffres ne doivent pas masquer la persistance d’importants clivages sociaux et, partant, le caractère très relatif de la démocratisation survenue, en particulier pour les pratiques culturelles régulières les plus distinctives. Par-delà la simple mise en rapport des différentes pratiques culturelles mesurées, de leur intensité et de leur fréquence, avec les propriétés sociales des pratiquant-es, ce travail interroge le sens de ces liaisons, mêlant ainsi une approche en terme de sociologie des consommations culturelles et des inégalités socioculturelles d’accès aux pratiques et produits, aux préoccupations et hypothèses des études de réception. En effet, dans le prolongement des Cultural Studies anglo-saxonnes, mais aussi des « intuitions » de Claude Grignon et de Jean-Claude Passeron, on a formulé l’hypothèse que la relation entre l’offre de produits culturels (notamment ceux à forte symbolique cultivée) et la structuration des goûts, attentes et pratiques des publics n’est ni uniforme, ni mécanique, ni exclusive. Les effets sociaux liés à l’offre culturelle – sous ses formes multiples – sont fonction des niveaux d’exposition des différents publics. Or, ceux-ci apparaissent très diversement et sélectivement exposés à cette offre, très inégalement intéressés par elle, en particulier en milieux populaires et, plus généralement, parmi les personnes les plus démunies en capital culturel hérité et/ou acquis par l’école et/ou dans des pratiques autodidactiques . Comment appréhender, dans un tel contexte, les conditions de formation et d’évolution des (jugements) de goûts et des « horizons d’attente » de ces groupes sociaux en matière culturelle ? L’exploitation statistique (primaire et secondaire) des données des enquêtes Pratiques culturelles des Français permet de montrer à quel point, bien davantage que la proximité géographique et/ou la multiplication du nombre des équipements sur le territoire, les variables sociologiques classiques restent plus que jamais opérantes pour saisir les logiques de différenciation à l’œuvre dans l’intérêt pour la culture, l’intensité et la fréquence de l’exposition à l’offre culturelle. Enfin, ce rapport souligne le caractère fortement genré de certaines pratiques et sociabilités culturelles, notamment lectorales. Dans ce champ déjà bien défriché qu’est la sociologie de la lecture, peu de travaux avaient alors été consacrés aux sociabilités autour des pratiques lectorales. Sans doute fallait-il y voir la prégnance de la représentation lettrée traditionnelle de l’acte de lire comme rapport direct, silencieux et individualisé à l’écrit, soustrayant l’individu à toute forme de déterminations sociales, et œuvrant à sa plus grande autonomie. Une telle représentation de la lecture occulte pourtant les diverses formes que peut (ou qu’a pu ) prendre le rapport au livre et, notamment, toutes les pratiques sociables (prescriptions, transactions matérielles et symboliques au sein des espaces familiaux, conjugaux, scolaires, professionnels et/ou amicaux…) qui se nouent autour de lui. L’objectif de cette partie de l’enquête était d’explorer les effets différenciés selon le genre (contrôlé par l’âge, le niveau de diplôme, la trajectoire socioprofessionnelle, l’origine sociale, la taille de la commune de résidence…) de ces pratiques de sociabilités (passées et actuelles), plus ou moins intenses, sur les conditions de formation et d’évolution des « goûts » et des horizons d’attente des individus en matière de pratiques de lecture.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03695797 , version 1 (15-06-2022)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : hal-03695797 , version 1

Citer

Isabelle Charpentier, Patrick Lehingue, Eric Darras, Emmanuel Pierru. Les Pratiques culturelles des Français(e)s. [Rapport de recherche] Université de Picardie - Jules Verne / Département des Études et de la Prospective (DEP) du Ministère de la Culture. 2001. ⟨hal-03695797⟩
28 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More