Les instruments de pouvoir : Excalibur, de la force du guerrier à la puissance du roi
Résumé
Si, dans la tradition médiévale, la figure du roi est indissociable d’une dimension guerrière, la légende arthurienne propose toutefois une nette distinction entre dignité royale et pouvoir guerrier, soulignée par la représentation d’Excalibur en tant qu’instrument du pouvoir. Ainsi Geoffroy de Monmouth, dans son Historia Regum Britanniae, insiste-t-il sur la description du souverain en tant que chef de guerre, notamment par l’importance accordée à l’épée du roi Arthur. À l’inverse, dans son roman Merlin, Robert de Boron modifie l’interprétation symbolique de l’arme, en en faisant un acteur direct de l’instauration d’un pouvoir issu de la volonté divine et source de paix. Le déplacement symbolique perceptible dans la représentation de l’épée dans ces deux textes permet alors de traduire l’évolution de la conception de l’autorité royale elle-même, entre les xiie et xiiie siècles, évolution mise en évidence par la figure littéraire du roi Arthur