La critique littéraire au Figaro
Résumé
L’analyse de la réception des différents volumes des Rougon-Macquart, œuvre fortement controversée, lieu de disputes tant esthétiques qu’idéologiques, sera l’occasion d’étudier la place de la critique littéraire dans le Figaro de la seconde moitié du XIXe siècle, ainsi que la manière dont elle s’écrit. De 1868 jusqu’à la fin du siècle (en excluant l’affaire Dreyfus et ses retombées, dans lesquelles ce n’est plus le « romancier » qui tient la première place), le quotidien consacre à l’œuvre de Zola près d’une centaine d’articles : « Premiers Paris » ou « Courriers de Paris » de première page, rédigés sur plusieurs colonnes et confiés à de remarquables critiques (Albert Wolff, mais surtout Philippe Gille), articles de « Bibliographie » relégués en dernière page, « Nouvelles à la main » qui proposent en quelques lignes des anecdotes plaisantes signées d’un pseudonyme, articles de tel ou tel « invité » d’un jour, courrier des lecteurs, publication de dessins qui illustrent l’œuvre de celui qu’on appelle très vite, dans les colonnes du journal (auquel il collabora lui-même), le « maître », la réception des Rougon-Macquart prend des formes diverses et met en évidence une scénographie très travaillée. Baromètre de la réception « bourgeoise », si l’on en croit Zola lui-même, la critique du Figaro joue avec talent de la polyphonie et de la diversité des rubriques du quotidien pour proposer un Zola complexe qui, dès les premiers romans, se distingue de l’image de pornographe ordurier souvent vulgarisée par la presse.