Gaston Quénioux and the reform in the teaching of drawing in the early twentieth century in France
Gaston Quénioux et la réforme de l’enseignement du dessin au début du xxe siècle en France
Résumé
En 1909, l’enseignement français du dessin fait l’objet d’une importante réforme, qui rompt radicalement avec les contenus, pratiques et méthodes qui prévalaient jusqu’alors. La «méthode géométrique», promue par le sculpteur Eugène Guillaume et officiellement prescrite depuis les années 1880, est abandonnée au profit de la «méthode intuitive». Fondée sur l’observation de la nature et accordant une plus grande liberté d’expression graphique, celle-ci veut développer chez les enfants leurs dispositions à représenter par le dessin ce qu’ils voient ou ce qu’ils imaginent, au lieu de les astreindre à des reproductions fidèles. Loin d’être imposée «par en haut», cette réforme est en bonne partie le fruit de la mobilisation d’enseignants qui, sensibles aux nouvelles tendances internationales et aux apports de la psychologie de l’enfant, souhaitent en finir avec une méthode dont ils dénoncent la faillite.1 Dans cet article, on voudrait mettre en avant le rôle joué à cet égard par Gaston Quénioux (1864- 1951), dont l’historiographie reconnaît qu’il fut le principal instigateur de la réforme de 1909.2 Plus précisément, il s’agit de montrer comment ce professeur de dessin de l’enseignement secondaire, apprécié par sa hiérarchie, s’impose progressivement dans la seconde moitié des années 1900 comme un acteur majeur de cette réforme, trouvant des relais dans les milieux pédagogiques, artistiques et politiques pour la faire advenir, alors même que les conceptions dont il se fait le héraut divisent profondément le monde des enseignants.