La statistique au service d’une pensée binaire dans l’Angleterre victorienne
Résumé
L’ère victorienne fut marquée par le déséquilibre démographique entre les sexes qui eut pour conséquence d’affubler les femmes des classes moyennes célibataires de termes peu flatteurs tels que « redondantes » (redundant), « en trop » (surplus), et « surnuméraires » (supernumerary). Pour la première fois en 1851, le recensement inclut la situation matrimoniale des Britanniques et mit ainsi officiellement en lumière le « surnombre » de femmes célibataires. Dès lors, l’attention portée aux femmes augmenta parallèlement à l’évolution de la surpopulation féminine, et les recensements devinrent des outils de catégorisation et de diffusion des normes sexuelles « genrées ».