Le rôle de l’imagination dans l’élaboration de l’éthique environnementale et son application
Résumé
The aim of this article is to determine the usefulness of imagination in the ethical response to the current ecological crisis. The first part of this article is devoted to an analysis of the place Hans Jonas gives to imagination in his construction of an environmental ethics in The Imperative of Responsibility. Imagination makes it possible to fill in the gap between acts and their effects. Therefore, using imagination is necessary in order to apply the heuristics of fear and to identify ethical imperatives, as well as to put in practice the ethics of responsibility. The second part questions the relevance of the use of imagination in a context of ecological crisis, in which much of the effects of environmental damage can be seen now, rather than in the future. The assumed thesis is that imagination remains useful for putting the ethics of responsibility into practice. It is justified by a persistent spatial distance between acts and their ecological effects, and by the incitative property of imagination.
L’objectif de l’article est de déterminer l’utilité que peut avoir l’imagination dans la réponse éthique à apporter à la situation actuelle de crise écologique. Un premier temps est consacré à l’analyse de la place que Hans Jonas accorde à l’imagination dans l’élaboration de l’éthique environnementale qu’il expose dans Le Principe responsabilité. L’imagination permet de combler la distance temporelle entre l’agir technique et ses effets : y recourir est donc nécessaire pour mettre en œuvre l’heuristique de la peur et identifier les principes éthiques. Nous établissons également que le recours à l’imagination est nécessaire à la mise en pratique de l’éthique de la responsabilité. Un deuxième temps questionne la pertinence du recours à l’imagination en vue de l’action écologiquement juste, dans le contexte actuel où les dégradations écologiques sont pour une large part présentes, non plus à venir comme au temps de Jonas. Nous posons que ce recours est toujours nécessaire pour mettre en œuvre l’éthique de la responsabilité, et justifions cette idée par une distance spatiale subsistante entre notre agir et ses effets que l’imagination permet de combler, ainsi que par la vertu incitative de l’imagination.