Rentabilité pour le diagnostic bactériologique des 1res et 2es ponctions biopsies disco-vertébrales dans les spondylodiscites bactériennes non mycobactériennes
Résumé
Introduction
Dans les spondylodiscites infectieuses (SDI), en cas d'hémocultures négatives, une 1ère ponction-biopsie disco vertébrale (PBDV) est indiquée. Si elle est stérile, la littérature ne permet pas de répondre clairement s'il faut prescrire une antibiothérapie probabiliste ou réaliser une 2ème PBDV. L'objectif principal de cette étude était d'étudier la rentabilité des 1ères et 2èmes PBDV. L'objectif secondaire était d'évaluer les facteurs cliniques, biologiques et d'IRM associés à une 1ère PBDV positive.
Matériels et méthodes
Il s'agissait d'une étude observationnelle, rétrospective, monocentrique. Les patients de plus de 18 ans, hospitalisés dans un CHU français pour une SDI non mycobactérienne et non fungique ayant bénéficié d'une PBDV entre le 01/01/2009 et le 31/10/2021 ont été inclus après relecture des dossiers informatisés. Pour les patients avec une 2ème PBDV identifiant une bactérie pathogène, nous avons demandé de façon indépendante à 2 infectiologues quels traitements antibiotiques probabilistes ils préconiseraient après la 1èrePBDV stérile sans connaissance de la 2ème, puis, après connaissance du résultat de la 2ème PBDV si le traitement probabiliste initialement proposé était efficace et s'ils changeraient de traitements antibiotiques.
Résultats
152 SDI par voie hématogène et 25 par inoculation directe ont été inclus. 177 patients ont eu une 1ère PBDV, 46/91 = 50,5% des patients avec 1ère PBDV stérile ont eu une 2ème PBDV. La rentabilité de la 2ème PBDV était significativement inférieure à la rentabilité de la 1ère (4/46 = 8,7% versus 86/177 = 48,6%; p<0,001). La rentabilité cumulée grâce à l'apport de la 2ème PBDV faisait augmenter le taux de diagnostic bactériologique de 48,6% à 67,7% (90/133) soit un gain de 19,1%. 50,3% des patients avaient reçu des antibiotiques avant leur 1ère PBDV. La rentabilité des 1ères PBDV en cas d'antibiothérapie préalable était de 39,3% contre 61,4% en leur absence. Les facteurs significativement associés à la rentabilité des 1ères PBDV étaient l'absence d'antibiothérapie préalable (p=0,001), l'âge jeune (p=0,003), la CRP (p=0,05), la taille de l'aiguille (p=0,023), l'anatomopathologie en faveur de lésions de SDI (p=0,001). Aucun critère d'IRM n'était associé significativement à la rentabilité de la 1ère PBDV. Aucune hémoculture post PBDV n'a permis de porter un diagnostic bactériologique. Après connaissance du résultat bactériologique pour les 4 patients avec 2èmePBDV positive, les 2 infectiologues ont changé leur recommandation d'antibiothérapie à chaque fois.
Conclusion
La 2ème PBDV a une rentabilité plus faible que la 1ère mais elle permet une antibiothérapie plus adaptée. L'antibiothérapie malheureusement prescrite plus d'une fois sur deux avant la 1ère PBDV réduit fortement la rentabilité des PBDV. Des efforts de formations médicales sont nécessaires pour réduire ces prescriptions d'antibiotiques avant les prélèvements bactériologiques dans les SDI. Les limites de notre étude sont son caractère rétrospectif, monocentrique et l'absence de réalisation systématique d'une 2ème PBDV en cas de 1ère PBDV stérile. Les forces de notre étude résident dans le nombre de patients, l'exclusion de bactéries saprophytes isolées sur un seul prélèvement, l'exclusion des diagnostics différentiels et des SDI mycobactériennes et fungiques.